Juchée sur un affleurement calcaire, la petite ville de Montdidier domine la vallée des Trois Doms et les plaines du Santerre. Place disputée depuis le Moyen-Age, elle fut plusieurs fois détruite ; si 14/18 n'en a laissé que des ruines, elle a été agréablement reconstruite dans les années 1920-1930 et ses deux églises pointent ainsi encore fièrement leurs flèches vers le ciel.
Après celle du Saint-Sépulcre, nous allons maintenant visiter celle dédiée à Saint-Pierre.
Une première église est mentionnée ici dès le deuxième quart du 12ème siècle. Eglise qui est remplacée par l'édifice actuel dès le 14ès. Sa construction va s'étaler sur deux siècles, la ville ayant été ravagée par les guerres au cours du 15ès.
L'église a été bâtie sur le modèle des églises-halles ; elle comprend trois nefs de longueur et de hauteur égales. La nef principale est terminée par le choeur formée par une travée droite et une abside à 4 pans.
A l'extérieur, les travées des nefs latérales sont rythmées par des pignons triangulaires ; le clocher, massif, est installé sur la première travée de la nef latérale sud.
Trés lourdement endommagée en 14/18, il n'en subsistait au sortir de la guerre que quelques pans de mur. L'église est heureusement classée en 1920 et elle est relevée à l'identique en 1925 (architecte : Henry Moreau).
Avant d'entrer, on s'attardera à l'extérieur sur le portail occidental qui est l'élément le plus remarquable de l'église. Il fut dessiné par Scipion Bernard, dit "Chappion" (maître-maçon qui travailla sur le chantier du transept flamboyant de la cathédrale de Beauvais dès 1526) sur le modèle du portail sud de la cathédrale de Beauvais. Commencé en 1538, il est achevé en 1551. Presqu'entièrement détruit en 14/18, il conserve néanmoins d'époque quelques scènes sculptées de ses voussoirs qui furent épargnées par la grande profondeur du portail.
le portail de l'église
A droite, le clocher lui a été construit entre 1560 et 1580 ; la flèche du 16ès fut remplacée par un dôme au 18ès qui subsistera jusqu'en 1914. La flèche actuelle, des années 1920 a été redessinée selon un modèle plus conforme à l'esthétique du 16ès.
A l'intérieur, si le mobilier (autels, boiseries, chaire, stalles, confessionnaux, banc d'oeuvre, chemin de croix, vitraux...) remonte aux années 1920-1930, on peut néanmoins admirer quelques jolies pièces beaucoup plus anciennes.
les autels du Sacré-Coeur et de Saint-Martin
A commencer par les fonts baptismaux du 11ème siècle ; la cuve, en marbre noir de Tournai est sculptée sur ses quatre faces.
Deux d'entre elles comportent une suite d'arcades, une autre un cep de vigne et sur la dernière on aperçoit un Christ enseignant au milieu de grappes de raisin.
De l'autre côté, une jolie mise au tombeau en pierre polychrome voisine un gisant attribuée généralement à Raoul de Crépy, comte de Montdidier, petit-fils du roi Henri 1er, mort en 1074.
On notera pour finir que l'autel dédié à la Vierge conserve une châsse avec les reliques des saints Lugle et Luglien, patrons de la ville et un beau Christ roman du 12ès dans le choeur.
vitrail dans le choeur représentant les frères Saint Lugle et Saint Luglien,
respectivement évêque et roi, ces deux irlandais vinrent évangéliser la région au 7ès
* sources :
- brochure "église Saint-Pierre" éditée par l'O.T "pays de Parmentier"
- "La Picardie flamboyante, arts et reconstruction entre 1450 et 1550", Presses Universitaires de Rennes, 2015