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  • Photo du rédacteurStéphane Barbier-Clerc

...d'églises, Saint-Didier de Chaulnes.

Entièrement sinistrée en 1914/1918, située dans la "zone rouge" au sortir de la guerre, Chaulnes a été reconstruite dans les années 1920-1930. L'actuelle avenue Jean Jaurès, sur le tracé de l'ancienne avenue du château est ponctuée d'intéressants bâtiments : l'hôtel de ville, achevé en 1932, près duquel s'élève la statue de Lhomond, né dans la commune en 1721 ; en lieu et place du château, une imposante demeure est venue s'installer au cœur d'une importante exploitation agricole ; plusieurs belles demeures et l'église.


Une église est attestée à Chaulnes depuis le 12ès ; on sait peu de choses sur elle, si ce n'est qu'elle conservait les reliques de plusieurs saints, dont saint Didier (évêque de Langres qui aurait été martyrisé en 264, ou en 407...ou encore en 411) à qui elle est dédiée.

On en sait en revanche plus de choses sur l'église qui existait encore en 1914 ; sa construction est liée aux ducs de Chaulnes (issus de la branche d'Ailly de la famille d'Albert qui entra en possession de la seigneurie de Chaulnes au 17ès).

Ainsi vers le milieu du 18ème siècle, le domaine de Chaulnes passe à Michel-Ferdinand d'Albert, 6ème duc de Chaulnes. Ce dernier, particulièrement prodigue, fait totalement réaménager l'avant-cour du château : construction d'un long corps de commun -qui seul subsistera après la destruction du château au début du 19ès et qui sera détruit, comme toute la ville en 1914-1918-, de deux pavillons encadrant la grille d'entrée, réaménagement des jardins... C'est lui également qui fit reconstruire l'église de 1749 à 1752 ; c'était un imposant monument néoclassique construit en brique et pierre selon un plan en croix latine.

Elle était établie au bord de la grande avenue qui menait au château (au 18ès, cette avenue, qui traverse le bourg, mesurait plus de 800 mètres de long, était large de 60 mètres et était plantée de deux rangées de Blancs de Hollande ; actuellement elle fait près de 700 mètres et sa largeur est de 40 mètres -60 mètres au niveau de la place où se trouve l'hôtel de ville).

l'église avant 1914 (les vues anciennes sont issues du site Amiens.catholique.fr, paroisse Notre-Dame-de-la-Haute-Picardie) et en 2019


Dès 1914 l'église est endommagée et au sortir de la guerre il n'en reste presque plus rien ; le bourg est considéré comme totalement détruit (Chaulnes est située dans la "zone rouge"). La reconstruction intervient dès 1920.

L'architecte qui fut choisi pour l'église est Godefroy Teisseire (qui dans la Somme va également œuvrer à Fouquescourt, Fransart, Punchy, Hangest-en-Santerre ou encore Lamotte-en-Santerre -ces deux dernières églises sont aujourd'hui protégées au titre des MH). Il propose un premier projet en 1923 ; projet trop ambitieux (deux tours en façade, une tour-lanterne à la croisée du transept) qui est retoqué. En 1924, nouveau projet ; d'abord accepté, il est finalement jugé trop coûteux et rejeté. Teisseire le révise et en propose une nouvelle mouture en 1925 qui sera acceptée l'année suivante.

Les travaux commencent en 1927 et s'achèvent en 1930 ; l'église est reconstruite en brique et béton avec des décorations en sgraffite.

détail des jeux de briques et des décors en sgraffite à l'extérieur

et vues de l'intérieur (vers le choeur et vers la tribune)

A l'intérieur, Teisseire dessine également le mobilier et la décoration ; il fournit des cartons pour les fresques historiées et la décoration en sgraffite (bases des piliers, chaire, autels, niches abritant les confessionnaux et les autels secondaires) à Dominique Aldighieri tandis que les fresques décoratives furent confiées au neslois Ferrario.

Aldighieri est l'auteur des deux grandes compositions qui s'inscrivent sous les roses du transept (au nord, la présentation de la Sainte Face et au sud, la déploration du Christ).

la déploration du Christ (par Aldighieri), sous la rose sud, détail


le maître-autel avec au revers le monument aux morts, le tout avec son décor de sgraffite

et ci-dessous la niche abritant l'autel et la statue de saint Louis (là encore, niche et autel conservent leur décor en sgraffite)


L'église aura a souffrir en 39/45 (les vitraux de Raphaël Lardeur auraient alors disparu) ; dans les années 1980-1990 l'église a bénéficié de plusieurs travaux de restauration. Pour la qualité de son architecture, tant extérieure qu'intérieure et pour ses décors et son mobilier l'église mériterait grandement une protection aux Monuments Historiques, comme sa "petite sœur" de Lamotte à Lamotte-Warfusée dont les décors sont moins bien conservés et nécessitent une importante restauration.



* Sources :

- Site de l'Inventaire Général des Hauts-de-France (église et mobilier de l'église paroissiale de Chaulnes)

- "La reconstruction dans l'est de la Somme - l'architecture religieuse et son décor", Inventaire Général du Patrimoine Culturel

- "Gentilhommières en Picardie, Amiénois et Santerre" de Philippe Seydoux

- Site Amiens Catholique, les paroisses, secteur 4 - Santerre, Paroisse Notre-Dame de Haute-Picardie, Chaulnes.

- Wikipédia, Chaulnes




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