Étroitement liée aux Templiers qui avaient établi ici une importante commanderie, la belle église de Fieffes possède encore des éléments remontant aux 12è et 13ème siècles et recèle en son intérieur un très riche mobilier.
Abandonnée pendant de longues décennies, elle aurait pu disparaître si une poignée de bénévoles ne s'étaient pas penchés sur son sort...
Le village de Fieffes était partagé à l'origine en deux seigneuries. L'une laïque, tenue par la famille de Fieffes (et qui par ses donations favorisa l'installation de la commanderie) et dont le château était construit à quelques centaines de mètres de l'église plus au nord ; détruit dans la première moitié du 19ème siècle, il en subsiste les deux beaux piliers en pierre du portail d'entrée et une jolie glacière à flanc de coteau.
L'ancienne glacière et les piliers d'entrée de l'ancien château (à gauche)
L'autre seigneurie, religieuse, était tenue par les chevaliers Hospitaliers de Saint-Jean. Etablis à Fieffes au 12ème siècle, les bâtiments de leur commanderie s'étendaient au sud de l'église. Détruite aux 14è et 15ème siècle, la commanderie fut relevée par la suite mais disparu totalement après la révolution.
L'église aurait été commencée dans les années 1150-1170 ; elle fut remanié et agrandie jusqu'au 16ème siècle.
Ainsi la façade (qui conserve un joli portail à colonnettes) remonte au 12ème siècle, ainsi que la nef et la base du clocher (dont les parties supérieures furent reprises aux 13è et 14ème siècles).
Le portail de l'église
Les collatéraux (et la chapelle au sud) furent remaniés aux 15è et 16ème siècles (depuis cette époque, les fenêtres hautes de la nef sont aveugles, masquées par le couvrement des bas-côtés).
Le choeur, moins élevé que la nef, date du 14ème siècle ; une belle chapelle de style flamboyant le flanque au sud. C'est la chapelle de la Commanderie, elle fut construite vers 1575 par Jean de Béthisy, commandeur de Fieffes
Le flanc sud de l'église avec la sacristie, la chapelle de la Commanderie et la chapelle du collatéral.
Abandonnée au cours du 20ème siècle, l'église était dans un état critique quand dans les années 1980, un groupe de personnes fonda une association pour sa sauvegarde et sa restauration. Pendant 20 ans, des travaux remarquables furent menés à l'extérieur et à l'intérieur ; aujourd'hui l'église ouvre à nouveau ses portes sur les trésors qu'elle renferme.
L'église bénéficia de moyens généreux du fait de la présence de l'ordre de Saint-Jean : la commanderie était en effet chargée de l'entretien et du décor du choeur (tandis que la communauté paroissiale était chargée de la nef). L'intérieur conserve ainsi un beau mobilier de qualité : on notera d'abord dans la nef plusieurs pièces qu'on peut attribuer à l'amiénois Cressent ou à son atelier : un très beau lutrin du début 18ès dont la polychromie semble être d'origine ; une chaire datée de 1678 et les élégants confessionnaux.
Sur l'arc triomphal du choeur est placée une poutre de gloire du 16ès.
Enfin trois très beaux autels de la première moitié du 18ès : les autels latéraux de Saint Pierre (accompagné d'une statue du saint remontant au 15ès) et de la Vierge du Rosaire (accompagné d'un groupe sculpté du Rosaire daté de 1691) et l'imposant maître-autel, remarquablement restauré dans les années 2000, qui présente une belle composition "la résurrection du Christ" de 1752.
Le maître-autel