A Amiens, rares sont les églises à ne pas avoir été reconstruites aux 19è et 20ème siècles..., alors bien sûr il y a l'incontournable cathédrale ; dans le vieux quartier Saint-Leu, l'église du même nom qui remonte aux 15è et 16ème siècle, mais aussi, à quelques pas du beffroi, bordée par des immeubles reconstruits dans les années 1950 et d'autres plus récents, la belle église Saint-Germain dont les portes demeurent, hélas fermées depuis plus d'une vingtaine d'années.
Mais des études et des restaurations vont prochainement être engagées afin de redonner du lustre (et une affectation) à la belle endormie.
Une première mention d'église remonte à 1131. Il s'agissait alors d'une simple chapelle dédiée à Saint-Germain l'écossais. Elle fut agrandie par la suite, incendiée en 1218 puis restaurée. Elle a été remplacée par l'église actuelle au 15ème siècle.
La nef remonte aux années 1440-1450 et fut agrandie de 1478 à1487 par la construction du chœur ; le bas-côté Nord fut agrandi quant à lui au 16ème siècle.
Dans un grand état de vétusté au milieu du 19ème siècle, l'église fut restaurée de 1855 à 1877 sous la direction de l'architecte Antoine : le remplage des fenêtres fut remplacé, les voûtes reprises (en utilisant au maximum les clefs et nervures d'origine), les pinacles et les contreforts renforcés ou remplacés, les combles des bas-côtés et du clocher repris et l'intérieur complétement ravalé.
Endommagée en 1918 puis restaurée, l'église fut totalement anéantie en 1940 par les bombardements qui n'en laissèrent subsister que les murs et détruisirent une (très) grande partie du mobilier. Elle fut restaurée de 1957 à 1965 (et en 1992 pour le clocher).
Désacralisée dans les années 1990 puis fermée au public au début des années 2000, il semblerait qu'enfin on se penche sur son sort. Des travaux de restauration (plutôt urgents) doivent être menés. Restera ensuite la question de son affectation..., et pourquoi pas un dépôt d'art sacré ? un lieu d'exposition ? Affaire à suivre...
Construite en pierre, l'église comporte un plan en forme de croix latine et comprend une nef accostée de bas-côtés, un transept non saillant et un chœur (aussi développé que la nef, il compte 4 travées droites et une abside polygonale). Le clocher, à gauche de la façade, est construit hors-œuvre (mais a été rattrapé par le bas-côté nord, agrandi qu milieu du 16ès). Il daterait du début du 15ème siècle et doit sa silhouette penchée au fait qu'il a été construit sur un terrain marécageux et par la présence toute proche d'un bras de la Somme.
le portail de la façade occidentale et le portail latéral sud
Interdit aux regards depuis (trop) longtemps, l'intérieur renferme encore quelques pièces de mobilier ou de décoration intéressantes.
L'intérieur de l'église et dans le collatéral sud, une clef avec une belle Vierge à l'Enfant
Ainsi dans la chapelle du Saint-Sépulcre, on peut encore voir une belle mise au tombeau (1506) en pierre peinte qui a été offerte par Pierre Coustelier ; non loin, un autel dédiée à la Vierge réalisé par les Duthoit sur des dessins de Viollet-le-Duc et enfin plusieurs statues dont un saint Firmin et saint Germain (19ès, par les Duthoit) qui encadraient le maître-autel et surtout une sainte Catherine, un saint Nicolas et un Christ de pitié du 16ès.
La mise au tombeau et l'autel de la Vierge
En bonus, l'unique vitrail historié subsistant dans l'église ; il fut installé lors des restaurations après que l'église a souffert des bombardements de 14/18. Il a été réalisé en 1926 par Gaudin sur des cartons de Louis Mazetier et représente l'apparition du Sacré-Cœur à Marie Alacoque.
