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....de châteaux, Ham


Les eaux de la Somme baignèrent l'imposant donjon de Ham jusqu'en 1917, date à laquelle les allemands sacrifièrent le château pour n'en laisser subsister que des ruines.

Place militaire longtemps disputée puis prison, les maigres vestiges qui subsistent aujourd'hui témoignent mal de l'importance du château de cette petite ville autrefois située à la frontière nord du royaume et aux portes de l'Ile de France.

Les premiers seigneurs de Ham étaient issus de la famille de Vermandois (descendants de Charlemagne) ; s'il est fait mention d'un château dès le 10ème siècle, c'est Odon 4 de Ham, de 1216 à 1234, qui donna à la forteresse la configuration qu'on lui connaissait.

Acquis par Enguerrand 7 de Coucy à la fin du 14ème siècle, le château sera donné pendant quelques années à Louis de Valois, duc d'Orléans (le frère cadet du roi Charles VI) puis à son fils Charles, avant d'être rendu à Robert de Bar puis à sa femme Jeanne de Béthune qui l'apporta en secondes noces à Jean de Luxembourg, comte de Ligny. Ce dernier fit opérer des modifications à la forteresse ; il fit déplaçer notamment l'entrée sur le front nord-ouest avec la création d'une nouvelle tour (celle qui subsiste aujourd'hui) et reprendre les tours de ce côté selon un plan ovoïde ; son neveu Louis, connétable de France, fit quand à lui construire, dans les années 1460-1470, l'énorme donjon qui occupait l'angle nord.

Confisqué à sa mort en 1475, Ham fut rendu à sa petite-fille Marie, épouse de François de Bourbon, comte de Vendôme. Riche héritière, elle s'y installa et y demeura jusqu'à sa mort en 1546 ; trois de ses enfants naîtront d'ailleurs au château.

Endommagé au 16ème siècle, le château fut restauré et renforcé puis à nouveau au siècle suivant.

Henri 4, arrière-petit-fils de Marie de Luxembourg, rattacha définitivement Ham à la couronne. Le château devint par la suite une prison d'état. Prison célèbre pour avoir abrité pendant près de six ans durant Louis-Napoléon Bonaparte, le futur Napoléon III. Ce dernier fut jugé et condamné à perpétuité pour avoir fomenté un coup d'état en 1840 ; il fut incarcéré à Ham en septembre de la même année. Il occupait trois pièces dans un pavillon du fond de la cour où il recevait beaucoup et où il lisait et étudiait également ; le prince qualifia d'ailleurs ces années "d'université de Ham". Ayant échoué dans la négociation de sa sortie, il prépara son évasion et le 25 mais 1846, coiffé d'une perruque et déguisé en maçon, il profita des allers et venues des ouvriers qui travaillaient au château pour s'échapper.

Occupé durant la première guerre, le château, pourtant dépourvu de tout intérêt militaire fut sacrifié par les allemands en mars 1917 alors qu'ils battaient en retraite : les tours furent dynamitées (à l'exception toutefois de celle de l'entrée) et les bâtiments dans l'enceinte détruits.

Le site restera à l'abandon une soixantaine d'années, achevant de détériorer et de faire disparaitre ce qui subsistait encore (les ruines serviront même à reconstruire des maisons et à refaire la voirie endommagée par la guerre). Si les vestiges furent inscrits aux MH en 1965, il faudra encore attendre une dizaine d'années pour qu'une association soit créée et prenne en charge le site en restaurant et consolidant les ruines, en ouvrant des chantiers de fouilles et en organisant des animations (voir le site de l'association : cliquez ici).

Le château était composé d'une enceinte rectangulaire de 120 mètres sur 80, renforcée aux angles par des tours. Deux tours quadrangulaires étaient construites au milieu des courtines nord-est (ancienne entrée) et nord-ouest (entrée aménagée au 15ès par Jean de Luxembourg). Le front nord-ouest était encadré de tours ovoïdes (construites dans la première moitié du 15ès) et au nord se dressait le donjon massif (ou "grosse tour" ou "tour du connétable") construite en 1460-1470 par Louis de Luxembourg. C'était une imposante construction d'une trentaine de mètres de hauteur, de 32 mètres de diamètre et qui renfermait trois salles (salle basse, salle des gardes, au rez-de-chaussée et salle du conseil) dont l'épaisseur des murs variait entre 9 et 11 mètres.

Les courtines du 13ème siècle s'élevaient à 25 mètres de haut et étaient épaisses d'au moins 3 mètres ; elles avaient été construites en moëllons de grés jaunes sur une base de grés ; elles furent reprises au 16ème siècle en briques et remparées de terre. Il subsiste une belle portion (très restaurée) de celle du sud-ouest.

Le vestige le plus significatif de l'ensemble est la tour d'entrée, construite par Jean de Luxembourg dans la première moitié du 15ème siècle et épargnée par les destructions de 1917.

Deux pierres sculptées, de part et d'autre de la porte d'entrée portent des houppes pendant au bout d'un cordon ; ce sont les armes parlantes du connétable Louis de Luxembourg.

A l'arrière, à l'étage, on remarque une belle série d'arcs brisés, vestiges de la galerie voûtée d'ogives qui traversait la tour et reliait les chemins de ronde des courtines.

A l'arrière toujours, au-dessus de la petite porte on apercçoit un beau linteau sculpté portant la devise "Mô myeux" (mon mieux), la devise du connétable. Le linteau se trouvait à l'entrée du donjon.

Un beau jardin a été aménagé dans ce qui était l'ancienne cour du fort ; il faut se figurer, au bout de l'allée, le pavillon où était enfermé Bonaparte. Au milieu, à gauche, se dresse un grand arbre.

Il fut planté ici par le révolutionnaire Dumont en 1793 et subsistait miraculeusement au milieu des décombres après 14/18.

Vue vers le fond de la cour où se trouvait le bâtiment de la prison et en-dessous l'arbre de la liberté

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