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...de châteaux du 18ème siècle II


Et pour clore le chapitre des édifices du 18ème siècle, nous terminerons avec quatre châteaux, mais tout en pierre ceux-là : Chaussoy-Epagny, Essertaux, Saint-Gratien et Vadencourt.

- CHAUSSOY-EPAGNY -

L'ancienne demeure seigneuriale fut incendiée en 1768 aussi François-Charles de Cambray, seigneur du lieu, entreprit de faire contruire un nouveau château dans le village de Chaussoy.

Peu avant la révolution, Jean-Baptiste Morgan, négociant amiénois (et qui fut maire d'Amiens de 1776 à 1778) acheta le château qui est aujourd'hui encore la propriété de ses descendants.

Le château est composé d'un long corps de logis en pierre à deux niveaux d'élévation (trois sur la cour : de par la déclivité du terrain, la façade compte un haut niveau de soubassement supplémentaire) couvert d'un toit à la mansart et prolongé à l'est par une chapelle. L'ensemble fut achevé en 1777 (la chapelle en revanche fut consacrée en 1773).

Edouard Morgan de Belloy, petit-fils de Jean-Baptiste, hérita du domaine en 1834 et une dizaine d'années plus tard, il fit procéder à des travaux qui donnèrent au château son aspect actuel : il fit terminer l'avant-corps sur le parc et ajouter un grand pavillon en forme de tour sur la façade sur la cour. Ce pavillon abrite un escalier néogothique reposant sur des colonnes en fonte. Les frères Duthoit travaillèrent à sa décoration ainsi qu'à la restauration des salons (ils travailleront également pour Adrien, le frère d'Edouard, au château de Belloy-sur-Somme).

Le château fut endommagé au cours de la première guerre mondiale et restauré ensuite (notamment le péristyle de la façade sur le parc).

- ESSERTAUX -

Le château d'Essertaux fut construit entre 1775 et 1786 pour Henri-Gabriel de Béry, marquis d'Essertaux (il avait déjà fait reconstruire de 1754 à 1759 la belle église voisine). L'édifice, l'un des plus beaux de la province comportait alors un corps de logis avec un bel avant-corps central polygonal et encadré par de courtes ailes en retour prolongées par des ailes basses couvertes à la mansart.

Le château fut vendu comme bien national à la révolution puis au début du 19ème siècle, Robertine de Surmont, marquise d'Essertaux recouvra son domaine. Elle le revendit en 1826 à Pierre Bouteille qui le fit alors démolir pour en vendre les matériaux. Il fut finalement racheté deux ans plus tard par Jacques de Guillebon qui fit alors restaurer ce qui en restait, à savoir le pavillon central et le rez-de-chaussée du corps de logis. Le pavillon était semble-t-il la partie la plus ornée du château : il superpose des colonnes à chapiteaux ioniques au rez-de-chaussée, des pilastres à chapiteaux corinthiens à l'étage et des pilastres à chapiteaux composites à l'attique. L'ensemble est couronné d'une balustrade et d'un grand cartouche, encadré de griffons et frappé aux armes du marquis d'Essertaux et de sa femme, Anne-Marie Berbier du Metz.

Le château se dresse au bout d'une belle avenue d'arbres bordée sur la gauche par les anciennes dépendances (photo ci-dessous) et sur la droite par l'église.

- SAINT-GRATIEN-

Possession des Saint-Delis puis des Hirzel (toutes deux familles protestantes) au 18ème siècle, la terre de Saint-Gratien fut acquise en 1778 par Jean-Baptiste Jourdain de Thieulloy (le château appartient aujourd'hui encore à sa famille) qui fit reconstruire le château une dizaine d'années plus tard. Cette ravissante construction néoclassique achevée à la veille de la révolution, est due à l'architecte amiénois Rousseau et le décor sculpté à François Gruau. En 1826, le parc fut retracé dans un esprit paysager et plus tard les dépendances furent réaménagées (elles conservent toutefois des éléments antérieurs à la construction du château).

Le corps de logis est organisé autour d'un gros pavillon central couvert d'un toit à la mansart flanqué d'ailes en léger retrait couvertes d'un toit à faible pente. Sur le pavillon central, la porte d'entrée est précédée d'un perron orné de sphinges et surmontée d'un balcon supporté par de belles consoles et agrémenté de grands vases. Une large frise de triglyphes souligne l'ensemble. Toutes les fenêtres du château sont accompagnées de balustrades. Notons que sur le parc, les ailes accueillent, dans des niches des bustes de Flore et de Cérès.

L'intérieur conserve l'essentiel de ses décors : le vestibule central est orné de pilastres et de niches peints en faux marbre, il ouvre sur la salle manger de plan carré qui est encadrée par deux hémicycles latéraux séparés par de hautes colonnes à chapiteaux ioniques abritant des niches avec de grands vases sous un plafond en éventail. On notera aussi le grand salon dans l'aile est avec de belles boiseries et surtout un plafond peint représentant le lever du soleil avec le char d'Apollon.

- VADENCOURT -

La seigneurie de Vadencourt fut acquise en 1680 par Henri Pingré de Vraignes dont la fille épousa Jean-François Chassepot de Beaumont. Si c'est ce dernier qui fit construire le château actuel dans le premier quart du 18ème siècle, il s'en désinteressa très vite et le revendit en 1738 pour s'installer à Pissy que venait de lui apporter sa seconde épouse. Le château fut alors acquis par François-Emmanuel de Quellerie dont les descendants le conserveront jusqu'au lendemain de la guerre 14/18.

Construit en pierre, le château adopte un plan en U : il se compose d'un corps de logis principal coiffé à la mansart flanqué de deux longues ailes en retour bordant la cour d'honneur ; à droite les écuries (qui donnent sur la cour des dépendances) et à gauche les cuisines et l'ancien logis du fermier (qui donnait à l'origine sur la cour de la ferme dont subsiste un bâtiment). Ces ailes sont couvertes d'un toit à double pente qui s'appuie sur un pignon flanqué d'une tourelle cylindrique.

L'aile de gauche pourrait correspondre à l'ancien logis seigneurial du 17ème siècle : elle garde, du côté de la vallée, une façade en assises alternées de briques et de pierre encadrée par deux pavillons carrés.

Une (toujours) élégante vient clore la cour d'honneur. On en attribue la réalisation à Jean Veyren.

Laissé à l'abandon après la mort de la dernière propriétaire qui l'avait légué aux Apprentis d'Auteuil, incendié durant l'été 2018, le château a été racheté en juillet 2019.

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