Le mariage brique et pierre a continué à fleurir sur les façades des châteaux au cours du 18ème siècle. Nous en apprendrons un peu plus sur les châteaux de Brailly-Cornehotte, Buigny-Saint-Maclou, Dromesnil et de Oissy qui présenten 4 façons différentes d'allier les deux matériaux.
- BRAILLY-CORNEHOTTE -
Le château de Brailly-Cornehotte est une agréable construction en brique et pierre. Il fut construit dans les années 1780 pour Antoine-Joseph du Maisniel.
Racheté à la fin du 19ème siècle par le comte le Bas du Plessis, ce dernier fit apporter plusieurs modifications qui donnèrent au château son aspect actuel.
Il se compose d'un corps de logis à trois niveaux d'élévation (dont un en attique), encadré par des ailes en retour d'équerre sur la cour (la façade sur le parc est rectiligne). Son attrait vient principalement de la travée centrale sur la cour (la seule partie d'ailleurs à être protégée au titre des Monuments Historiques) : le rez-de-chaussée est traité à refends et comprend deux niches abritant d'élégants vases allongés et surmontées par des groupes sculptés représentant des enfants. Vers 1900, la totalité de la travée fut traitée en pierre (étage et attique).
C'est à cette époque que les fenêtres de l'attique furent modifiées (elles étaient auparavant rondes), que l'aile gauche fut construite et la grille d'entrée installée.
Du côté du parc, un élégant avant-corps arrondi rythmé de hauts pilastres plats ioniques vient agrémenter la façade.
- BUIGNY-SAINT-MACLOU -
Louise de Dompierre fit entrer, en 1634, la terre de Buigny dans la famille Tillette. Les Tillette de Buigny conserveront le château jusqu'en 1926 date à laquelle mourut Alfred, dernier du nom. Buigny passa alors aux van Zeller d'Oosthove, des cousins.
C'est Jean Tillette qui fit construire le château en 1727 (la date est inscrite sur la façade par ancres de fer).
Dans les années 1850-1860, le bâtiment fut modifié par l'adjonction d'une corniche très saillante à la base de la toiture, surmontée d'une balustrade. De nouvelles restaurations survinrent après 1880, date du mariage de Jean Marie Alfred Tillette avec Yvonne le Sergeant de Monnecove : un balcon soutenu par des colonnes doriques fut aménagé sur la porte d'entrée et surtout les toitures furent remplacées par de lourds combles à l'impérial (permettant ainsi l'aménagement d'un niveau de chambres) percés de grandes lucarnes (le fronton des lucarnes centrales est timbré des armes des deux époux). Enfin, deux petits pavillons bas furent ajoutés contre les ailes en retour (celui, à droite, qui abritait le jardin d'hiver fut détruit au cours du 20ès).
Le château présente des maçonneries en assises alternées de briques et de pierre ; il est composé d'un corps de logis dont la travée centrale est placée en très légère saillie, encadré par deux ailes en retour sur la cour. Il est environné d'un beau corps de dépendances.
- DROMESNIL -
La terre de Dromesnil entra dans la famille d'Hallencourt au 13ème siècle. En 1676, Louis-François d'Hallencourt obtint l'érection de ses terres picardes en marquisat et c'est à son petit-fils Charles-François et sa femme Jeanne-Edmée de Boullongne qu'on attribue la construction du château actuel après leur mariage en 1743. Tous deux décèdent quelques années plus tard et le château, non achevé, revient à leurs filles qui s'en désintéressent. L'aînée, Charlotte-Françoise, épouse du marquis de Noailles le vend en 1772 à Pierre Roussel de Belloy qui le fait restaurer et réaménager. Ses descendants le conservent jusqu'à sa vente en 1884 à Félix Cauvel de Beauvillé. Ce dernier le fit alors restaurer et moderniser (extérieurs et intérieurs -les faîtages découpés et les volets en fer ont été heureusement supprimés depuis).
Le château se compose d'un corps de logis en briques à chaînages de pierre dont la travée centrale, entièrement en pierre, est couronnée d'un fronton très pointu, et encadré par de larges pavillons rattachés au logis par une travée incurvée et couverts à la mansart.
Dans la cour des dépendances, face aux colombier subsiste l'ancien manoir seigneurial remontant à la fin du 15ème siècle et qui conserve à l'intérieur son escalier et quelques éléments de ses décors (poutres sculptées et une grande cheminée).
- OISSY -
La terre d'Oissy fut achetée par Antoine Trudaine en 1609. Marie-Madeleine Trudaine épousa en 1743 Jean-Louis Le Ver, marquis de Caux. Le couple s'installa à Oissy et c'est à eux qu'il faut attribuer la construction du château au milieu du 18ème siècle. Après la mort de leur fils Emmanuel, le domaine passa à son cousin, le marquis de Valanglart qui partit pour l'émigration lors de la révolution. Le château fut alors vendu comme bien national et racheté par Louis Dottin qui se porta acquéreur durant la même période de plusieurs châteaux (Quesnoy-sur-Airaines, également propriété des Valanglart, Pernois ou encore Essertaux). On considérait à l'époque qu'il avait la deuxième fortune la plus importante du département. Contrairement à ses autres propriétés, Oissy ne fut pas vendu et demeure aujourd'hui encore dans sa descendance.
Le château se composait d'un grand corps de logis en briques à panneaux de pierre rythmé d'un large avant-corps central surmonté d'un fronton et d'avant-corps latéraux à peine saillants, le tout couvert d'un haut toit à la française et prolongé sur la cour d'honneur par une longue aile en retour d'équerre couverte à la mansart.
Incendié accidentellement en 1946, il ne fut pas restauré et ne subsiste plus aujourd'hui que les murs du rez-de-chaussée et le soubassement de l'aile en retour. Il subsiste également le très beau portail d'entrée en pierre, des bâtiments de dépendances et des anciens aménagements du parc le long canal qui s'étend au sud après un long parterre gazonné. Comme à Arry, il est directement entouré des arbres du parc.
L'ancien domaine est depuis 2001 protégé au titre des Monuments Historiques.