L'association de la brique et de la pierre est l'une des caractéristiques des châteaux de la Somme élevés dès le 16ème siècle.
Du 17ème siècle, nous avons déjà exploré ceux de Hénencourt, Tilloloy et de Wailly. Partons à la découverte de trois autres de la même époque ceux de Pissy, Quevauvillers et de Vauchelles lès Domart.
- PISSY -
C'est François de Saisseval, seigneur de Pissy, qui fit construire le château actuel en 1682. Il n'en profita que peu car il mourut trois ans plus tard. Sa petite-fille, Louise-Geneviève épousa en 1735 Jean-François de Chassepot et fit entrer Pissy dans cette famille qui le conservera jusqu'en 1985, date de la mort accidentelle d'Adalbert, dernier marquis de Pissy (la terre de pissy avait été érigée en marquisat en 1820 en faveur de François-Timoléon de Chassepot).
Le château apparait au bout d'une belle avenue plantée d'arbres, derrière une sobre mais élégante grille du 18ème siècle. Il comprend un corps de logis en briques à chaînages de pierre flanqué de courtes ailes en retour sur les deux façades et contres lesquelles s'appuient des ailes basses en pierre couvertes à la mansart.
La cour d'honneur est bordée par deux bâtiments à usage de remise de voitures (à gauche) et d'écuries (à droite), construits en 1834 et 1842.
Les dépendances voisines conservent un beau colombier en pierre qui fut reconstruit en 1681.
- QUEVAUVILLERS -
Passé par alliance aux Gomer au milieu du 16ème siècle, le château de Quevauvillers est toujours dans leur descendance : la mère du comte de Percy, le propriétaire actuel, était née Gomer.
Le château fut construit en 1647 (le millésime est porté sur une pierre du soubassement) par François de Gomer (1603-1671). Il se composait d'un corps principal flanqué d'une longue aile en retour bordant la cour d'honneur à droite. Plusieurs restaurations et remaniements furent menés au cours du 18ème siècle : dans les années 1720-1730 d'abord de nouveaux appartements furent aménagés dans le château tandis que de nouveaux communs étaient construits (1732) et l'étonnant puits chinois installé ; dans les années 1760 ensuite , Charles-Gabriel de Gomer décida de donner à son domaine une autre échelle : l'entrée du château fut alors déplacée sur la façade opposée à la cour d'honneur et une nouvelle entrée, défendue par une belle grille néoclassique protégée de fossés fut ménagée dans l'axe de l'actuelle rue Sainneville. Une vaste perspective gazonnée fut créée avec, à droite, face aux communs, de nouvelles écuries (1773).
Le château est construit en briques avec des travées très espacées et fut remanié au 19ème siècle (notamment la façade sur le parc qui fut reprise et "enrichie"). Il est flanqué d'une longue aile basse, remaniée elle aussi. De beaux corps de dépendances le voisinent sur la droite.
A l'extrémité de la grande perspective, on peut admirer une très belle orangerie construite en 1768. En pierre, elle est percée de 5 baies en arc brisé surmontées d'occuli, expression précoce du néogothique en Picardie.
- VAUCHELLES-LES-DOMART -
La construction du château est attribuée à François de Blottefière, vicomte de Domart, après 1636 (son père Antoine avait acquis la seigneurie en 1595). Sa petite-fille Marguerite, marquise du Sauzay, reçut le domaine en 1756 et le fit agrandir et restaurer. Elle mourut guillotinée à la révolution et le château revint alors sous la restauration à Henri du Sauzay dont la fille, comtesse de Gomer, mourut sans enfant. Le château passa à sa nièce la comtesse de Saint-Sauveur ; il appartient aujourd'hui encore à ses descendants.
De petites dimensions, le château n'en demeure pas moins d'une grande qualité et emprunte aux plus grands édifices de l'époque son vocabulaire architectural. Le corps-de-logis compte deux niveaux d'élévation et en son centre un étroit pavillon haut d'un niveau supplémentaire dont la verticalité est accentuée par la superposition de frontons sur chacune de ses ouvertures. Dans le prolongement du corps-de-logis s'étendent à l'est et à l'ouest des ailes basses flanquées de pavillons en détachement (ajoutés au 18ès). L'ensemble comporte des maçonneries en briques avec des jambes de pierre en chaînages à refends. A gauche, une longue aile relie le château au mur d'enceinte et sépare la cour d'honneur de celle des dépendancs de l'autre côté.
L'intérieur ne conserve que peu de ses décors d'origine, les pièces ayant été réaménagées au 18ès et surtout au 19ème siècle.