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...de châteaux, Bertangles


L'imposant château de Bertangles se met en scène dès la route menant d'Amiens à Doullens : un rond-point d'arbres ouvre sur une longue avenue qui se développe sur la gauche sur plus d'un kilomètre et qui rejoint la grille de la cour du château.

La terre de Bertangles n'a jamais été vendue depuis le 12ème siècle et le château, construit au 18ème siècle par Louis-Joseph de Clermont-Tonnerre appartient aujoud'hui encore à sa famille.

D'abord possession de la famille de Bertangles, la seigneurie passa au début du 16ème siècle dans celle de Glisy. En 1611, Gabrielle de Glisy, unique héritière du lieu, l'apporta en mariage à Jacques de Clermont, comte (en 1629) de Thoury, ancêtre du comte Louis de Clermont-Tonnerre, l'actuel propriétaire.

Il existait une maison seigneuriale à l'emplacement de la ferme actuelle du château. Eprouvée au cours de la guerre de 100 ans, elle fut reconstruite au 15ème siècle puis à nouveau après les incursions espagnoles de 1597 et de 1636. Il n'en subsiste aujourd'hui qu'un grand porche d'entrée en grés servant d'entrée à la cour des dépendances.

C'est Louis-Joseph de Clermont-Tonnerre (1685-1760) qui fit construire le château actuel de 1730 à 1734 sous la direction d'Antoine Verno, ingénieur-architecte. Si on ignore le nom de l'architecte qui en dressa les plans, on peut en attribuer la paternité à un architecte parisien étant donné la qualité du bâtiment. Certains avancent le nom de Robert de Cotte et il est vrai qu'un projet signé de sa main pour l'hôtel du maréchal de Montesquieu, daté de 1707, présente un bâtiment dont la façade évoque à s'y méprendre la façade de Bertangles...

Les descendants du constructeur restèrent très attachés à leur domaine picard et s'impliquèrent dans la vie politique locale, ainsi Amédée, marquis de Clermont-Tonnerre fut conseiller général de la Somme ou encore François, le père du propriétaire qui fut maire de Bertangles durant de nombreuses années.

Au bout de la grande avenue plantée d'arbres, se dressent de très belles grilles du 18ème siècle. Il s'agit de la grille dite "des chasses" qui faisait partie d'un ensemble crée par Jean Veyren pour le domaine d'Heilly dans les années 1760-1770. Le comte de Clermont-Tonnerre la racheta, et la sauva, en 1847 et la fit remonter ici.

Au-delà de la grille, le château étale ses belles façades de pierre. Il consiste en un grand corps de logis à l'élévation, inhabituelle, à trois niveaux. Les façades comprennent un large avant-corps central surmonté d'un fronton frappé aux armes des Clermont-Tonnerre et des pavillons latéraux en saillie sur la cour (sur le parc, pavillons et avant-corps sont en légère saillie et le fronton, arrondi, de la travée centrale n'est pas sculpté).

la façade sur le parc

Les fenêtres du rez-de-chaussée et de l'étage comportent des clefs ornées de masques dont le thème général est la paix. On peut voir des allégories des saisons, des continents, des quatre éléments ou encore des personnages de la comedia dell'arte (sur le parc). L'ensemble du programme sculpté fut réalisé par l'amiénois François Cressent.

Le corps de logis est prolongé à l'ouest et à l'est par des ailes basses couvertes à la mansart.

L'intérieur, autrefois somptueusement décoré de boiseries et d'oeuvres d'art a malheureusement souffert d'un incendie le 18 août 1930. Deux pièces au rez-de-chaussée ont retrouvé des boiseries en chênes restituées à l'identique : le salon à gauche du hall d'entrée et la salle à manger attenante (dans cette dernière on peut admirer une belle tapisserie (16ès ?) représentant le triomphe d'Alexandre le Grand faisant son entrée à Babylone.

Le salon et la salle à manger

Dans le pavillon ouest est logé l'escalier d'honneur, en pierre, bel exemple de stéréotomie.

La visite du château se prolonge avec celle des dépendances et de la ferme voisines qui étalent de beaux bâtiments d'époques différentes (du 17ème au 20ème siècle) autour d'une vaste cour. Au milieu trônent un imposant pigeonnier (l'un des plus grands de Picardie, il compte 1900 boulins) et un étonnant puits à tourniquet inspiré de la noria espagnole.

Et puis toute proche, il y a l'église, mais ça c'est une autre visite ! (cf "Une Somme d'églises, Bertangles").

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