top of page
Tef-OldMac

...de châteaux, Long


Le petit village de Long, au bord de la Somme, recèle bien des trésors : une imposante église reconstruite au 19ès et qui conserve son vieux clocher du 15ès ; un imposant hôtel de ville du 19ès ; d'anciennes maisons, une "centrale" hydro-électrique et surtout un élégant château brique et pierre environné d'un vaste parc, véritable oasis de verdure et de fleurs.

La seigneurie de Long était tenue à l'origine par la famille de Fontaines. Puis elle passa successivement par alliances dans les familles de Crésecques (au déut du 14ès), de Croÿ (en 1505) et de Boulainvillers jusqu'en 1656 date à laquelle Abraham la céda aux Montigny qui la conservèrent une trentaine d'années. Joseph de Montigny, en 1698, endetté, vendit Long à Honoré-Charles de Buissy et c'est son fils, Honoré, qui fit construire le château actuel en 1734, après son remariage avec Thérèse Ravot d'Ombreval (ou peut-être une dizaine d'années plus tard, en 1748, date de la mort de Nicolas Ravot et dont dû hériter sa soeur). Pierre de Buissy, fils d'Honoré fit probablement achever les travaux (notamment la décoration intérieure) ; sa fille fit entrer le château dans la famille de Boubers par son mariage en 1789 avec le comte Amédée-Charles-Marie de Boubers-Abbeville-Tuncq.

les armes des Boubers-Abbeville sur les écuries

Leurs descendants vendirent Long en 1871 au comte Octave de Rouvroy. Son fils René lui succèda et c'est lui qui fit aménager dans les premières années du 20ème siècle les serres le long de la terrasse du château.

les serres du château restaurées

Pressé par ses créanciers, il céda le château au comte de Panévinon de Marsat.

Occupé par les troupes anglaises en 14/18, le château n'était plus habité dans les années 1930 ; il fut occupé par les allemands en 39/45, sommairement réparé au sortir de la guerre puis laissé à l'abandon. Il fut heureusement racheté en 1963 par André van Glabeke qui le sauva de l'oubli et en entreprit une longue et patiente restauration pendant une dizaine d'années. Il le revend en 2001 aux époux Delahaye qui en poursuive la restauration, l'entretien et la mise en valeur.

Le château, surnommé "la folie Buissy" en raison des importantes dépenses qui furent consacrées à sa construction, est établi sur une terrasse dominant la Somme. Orienté Est/Ouest, il consiste en un corps de logis en pierre à panneaux de briques dont les façades sont rythmées de trois pavillons en saillie aux travées convexes. Celui du centre, formant avant-corps a reçu une décoration plus soignée : au-dessus de la porte se trouve un masque de femme coiffée d'une peau de lion, allégorie de la force, tandis que l'arcade à refends surmontant la fenêtre de l'étage est timbrée d'un cartouche sculpté aux armes des Rouvroy et Chabennat de Bonneuil.

les armes des Rouvroy et des Chabennat sur l'avant-corps central

A l'intérieur, le vestibule d'entrée ouvre sur un beau salon à droite, dont les boiseries rehaussées d'or furent reconstituées à l'identique à partir d'un panneau qui était demeuré en place.

Le pavillon Sud est occupé par un vaste salon largement éclairé par 8 baies et qui comporte 12 peintures (écoinçons et dessus-de-porte) attribuées au peintre abbevillois Choquet et représentant les 12 signes du zodiaque (le couple symbolisant le signe du verseau représente Pierre de Buissy et sa jeune épouse Elisabeth Gardin, qui étaient tous deux du signe du verseau).

Cet ensemble est aussi une reconstitution : les boiseries et peintures originales avaient été en effet vendues au début du 20ème siècle à l'américain Singer qui les destinait à son hôtel new-yorkais mais décédé peu de temps après, l'ensemble resta dans des caisses pendant près de 20ans jusqu'à leur rachat en 1934 par Gérard de Berny qui les fit remonter dans le jardin de son hôtel amiénois, dans un pavillon qu'il fit construire à cet effet et reproduisant le plan du salon originel (endommagée par l'humidité, les boiseries devraient être restaurées dans les années à venir).

En revenant dans le corps central, on entre dans l'ancienne salle de billard qui suit le vestibule. Les propriétaires actuels se sont efforcés, outre la restauration des ensembles boisés, de remeubler les pièces du château avec un certain goût mais pas toujours de façon cohérente : la salle de billard est ainsi devenue une salle à manger avec un coin musique. La pièce vaut surtout pour ses très intéressantes boiseries qui furent exécutées par Huet fils (1764) : chaque panneau comporte un bouquet de fleurs différent. L'ancienne chambre du pavillon Nord garde également un ensemble de Huet avec des bouquets, mais dans des tons roses cette fois.

Les boiseries par Huet dans l'ancienne salle de billard

Après la visite du château, il ne faut pas manquer de se promener dans le parc qui a été admirablement remis en valeur et fleuri par les propriétaires.

le porche des écuries

Pour y accéder, on passe sous l'arche du bâtiment des écuries (dont le fronton comporte les armoiries des Boubers-Abbeville), on s'attarde ensuite sur le pigeonnier, à gauche, restauré dans les années 2000, et qui a conservé à l'intérieur ses boulins et son échelle tournante. Le parc, à l'arrière du château, avait été retracé dans le goût paysager au 19ème siècle et a été fort bien réaménagé (si l'on excepte les -beaucoup trop- nombreuses statues disposées un peu partout et sans réel souci de cohérence). Les serres du début du 20ème siècle ont été également restaurées et abritent de nombreuses plantes et fleurs.

Autre élément restauré à l'identique et qui achève de donner son cachet au site, l'ancien lavoir, au bord de la Somme.

Château et parc peuvent se visiter chaque été, plus de renseignements sur le site : lien

120 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page