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...de châteaux, Bagatelle à Abbeville


A l'écart du centre-ville d'Abbeville, la folie de Bagatelle, précieux écrin préservé du 18ès, se cache aux regards des passants derrière un banal mur de briques. Il ne faut pas hésiter à entrer pour découvrir cette "maison des feuilles", construite par les van Robais, qui a la chance de conserver ses intérieurs d'origine.

Abraham van Robais (1698-1779), qui a succédé à son oncle à la tête de la manufacture de draps installée à Abbeville depuis 1665 et qui dispose d'une importante fortune, acquiert en 1751 des terrains dans les faubourgs de la ville. Il y fait construire quelques années après une petite folie consistant en un simple rez-de-chaussée d'à peine 20 mètres de long. Sans cave ni fondation, simplement "posée" sur le sol, cette maison n'était pas destinée à durer et pourtant une dizaine d'années plus tard, André van Robais fit ajouter un second niveau en attique abritant deux petits appartements, remplaçant le toit en terrasse qui était couronné d'une balustrade et d'une dizaine de statuettes en bronze. Dans les années 1780 enfin, un comble à la mansart permettant l'aménagement de chambres vint surmonter l'ensemble.

6 des statuettes de chérubins subsistantes, aujourd'hui exposées dans le jardin d'Emonville

A la même période, les affaires des van Robais déclinaient ; ils firent faillite et furent contraints à la liquidation ; en 1794, ils vendent Bagatelle à Pierre-François Rose (oncle de Boucher de Perthes).

Le château connut plusieurs propriétaires et locataires jusqu'en 1810, date à laquelle il fut acheté par François-Gabriel Warnier de Wailly.

Au milieu du 19ème siècle, ses descendants firent agrandir les terrains à l'arrière du château pour y aménager un parc paysager. En 1898, Paul de Wailly (1854-1933), musicien, élève de César Franck, confia à l'architecte Parent le soin de construire deux grands pavillons latéraux (dont l'un abritera un salon de musique), reliés au logis par des ailes basses.

Ses petits-enfants vendent Bagatelle en 1998 aux propriétaires actuels qui ont entrepris dès le début des années 2000 la restauration du bâtiment et surtout le réaménagement des jardins et du parc.

Le château est composé d'un logis rectangulaire en briques et pierre, ponctué sur ses façades par un avant-corps central (à pans coupés sur la façade d'arrivée ; semi-circulaire sur le parc). L'élévation se signale par l'étage en attique qui est éclairé par 14 oeils-de-boeuf conservant leurs petits-bois d'origine au motif d'inspiration chinoise.

Les façades sont richement sculptées : des guirlandes de feuille en pierre surmontent les ouvertures du rez-de-chaussée tandis qu'à l'étage les oeils-de-boeuf s'inscrivent dans des panneaux de pierre, encadrés par d'élégants drapés suspendus par des anneaux.

guirlande de feuilles au rez-de-chaussée

Cette allusion au métier de drapier des propriétaires se retrouve également sur les avant-corps dont les angles, marqués de chaînes verticales sont terminées par des mufles de lion tenant dans leur gueule des anneaux desquels pendent des serviettes.

l'un des oeils-de-boeuf de l'étage

A l'intérieur, on pénètre d'abord dans un petit vestibule où l'on a dû loger, après la construction de l'étage, un audacieux escalier en bois à double volée et dont la rampe en fer forgé fut réalisée par Pfaff.

Le vestibule donne sur le salon d'été de plan ovale, ménagé dans l'avant-corps sur les jardins et dont les trois ouvertures correspondent à des perspectives à travers le parc.

Il conserve ses très bellles boiseries rocailles dont les panneaux sont peints dans le style néoclassique : vases, cassolettes fumantes, jets d'eau et oeufs d'autruche (qui, selon la tradition, représenteraient l'oeuf pondu par l'autruche de la ménagerie royale le jour de la présentation de madame van Robais à la reine Marie-Antoinette).

Si le plafond fut repeint après 1945, il conserve toutefois en son centre un aigle américain, représenté ici en l'honneur du baron de Kalb, époux d'Anna van Robais, qui avait participé à la guerre d'indépendance des Etats-Unis aux côtés de la Fayette.

A droite se trouve la salle à manger aux tons vert d'eau et à gauche le salon d'hiver aux boiseries rechampies de bleu qui ouvre sur la bibliothèque (endommagée en 39/45 et dont le propriétaire a fait restituer le décor dans le style du 18ès) puis sur l'ancien salon de musique.

Autour de la maison, on termine la visite par le jardin à la française (2 hectares) qui voisine les bâtiments et par le parc paysager (8 hectares) qui le prolonge. L'ensemble a été soigneusement et admirablement remis en valeur par les propriétaires actuels.

le jardin à l'arrière du château et le parc paysager

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