En bordure de l'ancienne basse-cour du château (dont les ruines avec la haute et gracieuse tour de guet signalent le village à plusieurs kilomètres), se dresse la petite église de Folleville, classée parmi les monuments historiques en 1862 et sur la liste du patrimoine de l'Unesco depuis 1998.
De petites dimensions, l'église se compose d'une nef, sans bas-côtés, de trois travées prolongée par un choeur de style flamboyant plus élevé.
La nef remonte au 15ès tandis que le choeur fut adjoint par les Lannoy dans le premier quart du 16ès. Le choeur constituait à l'origine la chapelle seigneuriale ; il est d'une élévation plus élevée que la nef et s'en distingue aussi par ses larges baies à remplages flamboyants et par ses voûtes en pierre à liernes et tiercerons (la nef, elle, est couverte d'une voûte en bois qui conserve des corbeaux sculptés représentant François de Lannoy, les saints Jacques et Jean et les péchés capitaux).
Si l'architecture extérieure n'offre rien de particulier, l'intérieur en revanche recèle un mobilier des plus intéressants.
la nef
Dans la nef, on peut admirer de beaux fonts baptismaux du 16ès dont la vasque en marbre est ornée des blasons des Lannoy. Sur les murs sont accrochés trois tableaux exécutés au 19ès représentant "Saint Vincent recevant les derniers sacrements", "Saint Vincent de Paul au chevet de Louis XIII" et "Saint Vincent de Paul prêchant aux galériens". Il s'agit de copies d'oeuvres du 18ès aujourd'hui disparues : de Jean-François de Troy pour les deux premiers et de Jean Restout pour le troisième.
Un plus loin se trouve la chaire du 17ès d'où Vincent de Paul, confesseur de Mme de Gondi et précepteur de ses enfants prononça son célèbre sermon.
On parvient ensuite dans le choeur dont la fenêtre axiale conserve un vitrail du 16ès (restauré au 19ès).
En dessous un enfeu, vide, est orné de 6 anges portant les instruments de la Passion. Cette niche abritait à l'origine une mise au tombeau exécutée dans les années 1520. Quand il vendit le château et la chapelle seigneuriale en 1634 au marquis d'Esclainvillers, Pierre de Gondi fit transférer le sépulcre dans l'église Saint-Jean de Joigny où il se trouve encore aujourd'hui. Les personnages, grandeur nature étaient en marbre.
Puis viennent les deux pièces maîtresses de l'église, les tombeaux funéraires des Lannoy.
Le choeur avec les deux tombeaux à gauche
Le premier, ménagé à gauche dans la travée droite du choeur, est celui de Raoul de Lannoy. Devenu seigneur de Folleville par son mariage avec Jeanne Tyrel de Poix, il fut nommé, en 1507, gouverneur de la ville de Gênes par Louis XII. Les deux gisants et le soubassement, de style renaissance, furent exécutés, du vivant de Raoul, par deux artistes italiens en 1506-1508, Antonio della Porta et son neveu Pasio Gaggini. L'enfeu qui accueille le monument est traité dans le style gothique flamboyant mais intègre plusieurs éléments renaissance. Les parois sont ornées de statuettes et de symboles funèbres (crânes, trompettes de la mort) parmi des arabesques de tiges de poix (en référence à Jeanne de Poix).
le tombeau de Raoul de Lannoy, les gisants et la décoration de l'enfeu
Tout à côté se trouve un autre monument funéraire, celui de François de Lannoy (fils des précédents) et de sa femme Marie de Hangest. Il fut exécuté par l'amiénois Mathieu Laignel (qui aurait également réalisé la mise au tombeau voisine) une trentaine d'années plus tard. Le style est radicalement différent, débarrassé des réminescences gothiques et appartient à la première renaissance française. Les défunts sont ici représentés agenouillées. Dans la partie inférieure sont représentées les vertus cardinales (force, tempérance, justice et prudence).
le tombeau de François de Lannoy