Sa haute flèche de pierre a dominé la ville pendant un peu plus de 110 ans.
Fragilisée par une tempête au début des années 2000, l'église Saint-Jacques ferma ses portes et attendit qu'on décide de son sort ; elle survécut une dizaine d'années avant que décision soit prise de "déconstruire".
L'église depuis la grande rue Saint-Jacques et la rue de l'Eauette en 2012..
des vues d'archives désormais
Une première église avait été construite au 12ème siècle puis reconstruite dans le dernier quart du 15ème siècle. L'église comportait alors trois nefs et un clocher, détaché de l'édifice, construit plus tardivement, en 1542. Trop "lourde" pour le sol tourbeux sur lequel elle était établie, l'église fut détruite en 1868 et remplacée par un imposant édifice de style néogothique bâti entre 1876 et 1878 par Delforterie. La haute flèche qui surmontait le clocher ne fut édifiée que plus tard, en 1901. Elle culminait à 60 mètres de haut et dépassait les vénérables tours de Saint-Vulfran.
Si l'architecture ne présentait rien d'exceptionnel, l'ensemble offrait une belle unité. C'était surtout le mobilier et les oeuvres d'art qu'elle renfermait qui retenaient l'attention. Notamment l'imposant orgue Mutin-Cavaillé Coll de 1906 et son beau buffet néogothique ; un lutrin du 18ème siècle et de nombreuses statues dont certaines du 16ème siècle et une série de vitraux de Claude Barre (1960).
Endommagée et fragilisée par la tempête de décembre 2004, l'église fut fermée (le choeur était déjà fermé depuis 2002) et certains éléments du mobilier mis à l'abri. Pendant près de 10 ans, aucun travaux de restauration ou de consolidation ne furent menés (si l'on excepte une bâche sommairement posée pour protéger la toiture) mais les tergiversations nombreuses quant à son avenir : restaurer ou détruire ?
En février 2013 on décida finalement la "déconstruction". Ce qui restait encore à l'intérieur fut alors déposé : l'orgue, endommagé, fut soigneusement démonté et la cloche "Jacqueline", la plus ancienne de la ville (1737) délogée. La démolition s'étala sur 3 mois : si la flèche opposa quelque résistance, le reste des murs tomba très rapidement.
Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus, le lien qui suit permet de télécharger le cahier spécial édité par le Courrier Picard : lien
démolition de l'église (Courrier Picard du 3 avril 2013)
On ne peut que regretter la disparition de l'église et de son clocher qui était un repère et annonçait Abbeville au voyageur à plusieurs kilomètres. Son fantôme hantera pour longtemps la ville et la place, récemment réaménagée en agréable square.