Au-delà de la ceinture de boulevard qui a remplacé les anciennes fortifications dès la fin du 18ès et au milieu de centaines d'amiénoises (les maisons, pas les habitantes de la ville), se dressent les deux tours en briques de l'église Sainte-Anne.
Une première église avait été érigée en 1837 par Cheussey (auteur à Amiens des autres églises de Saint-Firmin, Saint-Jacques et Saint-Maurice et de la bibliothèque entre autres). Quand le père Aubert arriva à la tête de la communauté lazariste en 1851, il fit immédiatement entreprendre d'importants travaux : construction du bas-côté Est et renouvellement de la décoration intérieure (peintures murales et vitraux). Mais en 1866, l'église est détruite afin de permettre l'aménagement des voies de chemin de fer. Le père Aubert fit alors appel à Victor Delefortrie pour la construction d'un nouvel édifice et d'un presbytère qui seront achevés en 1868, tandis que la décoration intérieure se poursuivra dans les années 1870.
L'église offre un savant mélange de style néoroman et néogothique. Entièrement en briques, elle est construite sur un plan en forme de croix latine et comporte une nef accostée de bas-côtés, un transept peu saillant aux angles polygonaux et un choeur à déambulatoire à chapelles rayonnantes. L'imposante façade avec ses deux tours jumelles donne sur une cour-parvis bordée à droite par le presbytère et à gauche par l'ancienne école-patronage (construit de 1875 à 1878). La façade ne fut semble-t-il pas achevée : sur le tombeau du père Aubert à l'intérieur de l'église, figure une représentation de la façade dont les tours sont surmontées de flèches polygonales en charpente et avec les portails comportant un décor sculpté.
L'intérieur présente une élévation à 3 niveaux (grandes arcades, triforium et fenêtres hautes) et a la chance de conserver la presque totalité de son mobilier (à l'exception de la chaire, des stalles du choeur et de candélabres dans le choeur).
Le maître-autel néogothique fut dessiné par Delefortrie et sculpté par Buisine-Rezot ; les imposants candélabres furent réalisés par les fonderies Duval d'Osne (1867-1870).
l'intérieur de l'église et le maître-autel
Les bras du transept abritent, au Nord, la chapelle de la Vierge et au Sud celle de Saint-Vincent-de-Paul. Elles sont ornées de statues et de peintures murales par Crauk.
la chapelle Saint-Vincent
et l'un des vitraux ("le sermon de Folleville", 1868, Lorin -il s'agit d'une copie, inversée, du tableau de De Troy).
Dans la chapelle du bienheureux Jean-Gabriel Perboyre, le tombeau du père Aubert (1812-1887) a été réalisé par Hesse, qui collabora sur plusieurs chantiers avec Delefortrie et qui réalisa le décor sculpté de l'église.
le tombeau du père Aubert