Situé dans l'ouest du département, entre Limeux et Oisemont, le petit village de Frucourt recèle de nombreuses curiosités. La promenade débute devant les grilles de son élégant château...
C'est Henri de Monthomer et sa femme, Marie Abraham, dans la première moitié du 17ème siècle qui opérèrent d'importants travaux de reconstruction/restauration et qui donnèrent au château son aspect actuel (et qui firent élever les dépendances où la date de 1633 apparait à deux reprises sur les murs). Il passa ensuite par alliance au marquis de Saint-Simon de Sandricour (issu d'une branche cadette de la famille du mémorialiste) qui s'en défit rapidement au profit de Jacques Morgan, négociant amiénois en 1745. Ce dernier entreprendra des travaux de modernisation et d'embellissement du château que poursuivront son fils et son petit-fils : les fenêtres sur la façade d'arrivée sont agrandies et multipliées et des pavillons polygonaux placés en prolongement des ailes en retour, donnant à la façade un aspect ramassé et un peu "brouillon" ; une avant-cour fut créée, incurvée en forme de lyre et la façade sur le parc, plus sobre et plus "lisible", reçut un avant-corps central à pans coupés coiffé à la mansart. Salons et appartements reçurent une décoration soignée de style Louis XVI due à Jacques Rousseau (architecte qui construisit le théâtre d'Amiens) mais aussi un bel ensemble de panneaux de papiers peints réalisés par la manufacture de Réveillon.
D'autres travaux de restauration, moins heureux ceux-là, furent menés sous le Second Empire. Ils concernèrent surtout les parties hautes : deux lourdes cheminées furent élevées sur les ailes en retour sur la cour et la travée centrale fut rehaussée d'un niveau et terminée par un fronton sculpté aux armes des Morgan (cet ajout fut gommé lors d'une récente restauration) et le parc qui fut alors redessiné à l'anglaise.
A gauche du château s'élèvent les dépendances. Elles regroupent des bâtiments de plusieurs époques (des remises et des granges du 17ème siècle, une charreterie et des écuries du 19ème siècle) qui s'organisent autour d'une vaste cour au milieu de laquelle se dresse un très beau colombier.
l'entrée des dépendances et le colombier
Quittant les dépendances, juste en face, se dresse la petite église Saint-Martin en pierre blanche qui remonte au 16ème siècle. C'est là que furent inhumés les Morgan avant la révolution : Jacques, l'acquéreur de Frucourt, mort en 1750, et sa femme Marie-Anne Boicervoise, morte à Amiens en 1753, leur fils Jean-Baptiste et leur petit-fils Jean-Baptiste-Maur, comte Morgan de Frucourt, qui fut maire du village de 1808 à 1817. Les autres membres de la famille reposent dans la belle chapelle du cimetière (continuer la rue plus bas en direction de Limeux ; il est situé un peu plus loin à l'écart du village sur la gauche), élevée en 1868 par Charles-François Jean-Baptiste Morgan, dit Franck qui y repose avec sa femme, Henriette Fitzwilliam, son oncle John et Julia Fitzwilliam, religieuse et donatrice des vitraux de l'église qui mourut en 1912. Repose également dans le cimetière, Elsa Schiaparelli, grande coutûrière qui s'était installée place Vendôme à Paris et dont la marque existe encore. Elle était amie du comte Philippe de Forceville et de sa femme qui possédaient le château au 20ème siècle.
en descendant dans le village
Mais outre le château, il est à Frucourt un autre monument protégé parmi les monuments historiques : le moulin fortifié. Pour le rejoindre, il suffit de laisser l'église sur la gauche et descendre la rue ; prendre ensuite la direction "Vaux-Marquenneville / Oisemont" et la première rue à gauche, la rue du moulin.
Perdu au milieu des champs, le moulin de Frucourt est le seul du département à être fortifié (il conserve une des deux bretèches qui surmontaient les portes). Il a été admirablement restauré au début des années 2000 et a retrouvé sa toiture et ses ailes. Ses abords sont simplement mais agréablement mis en valeur et permettent qu'on s'y arrête un instant.
Les briques surcuites, très pratiques, nous indiquent la date de la construction du moulin, 1641. Il fut édifié par Henri de Monthomer qui venait juste de faire construire le château et ses dépendances.
Les armes de la famille de Monthomer sur le moulin (effacées durant la révolution)