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...de châteaux, Tilloloy

Dernière mise à jour : 2 mai 2022


Le village de Tilloloy, à l'est du département, fut complètement anéanti en 14/18. Par chance, ses principaux monuments furent restaurés et reconstruits à l'identique et l'on peut encore aujourd'hui admirer l'élégante église renaissance et l'imposant château construit au milieu du 17ème siècle.

Comme Bertangles, Rambures ou encore Régniere, le château de Tilloloy n'a jamais été vendu au cours de son histoire et appartient aujourd'hui encore aux descendants des Rasse qui le possédaient au 16ème siècle. C'est à Antoinette de Rasse et son époux François de Soyecourt qu'on attribue la construction d'un premier château ici et une fois veuve, c'est la même Antoinette qui fit construire la belle église voisine entre 1530 et 1534.

Les Belleforière succédèrent aux Soyecourt. Maximilien, gouverneur de Corbie au moment de la prise de la ville par les espagnols en 1636 fut condamné à mort pour trahison. Ses biens furent alors saisis et il fut contraint de s'exiler en Angleterre. A la mort de Louis XIII, Judith de Mesmes, sa femme, obtint la révision du procès et sa réhabilitation complète en 1643. Rentré en France, Maximilien fit entreprendre la construction du château actuel en 1645. Il meurt 4 ans plus tard et c'est son fils, Charles-Maximilien, Grand Veneur de France en 1669, qui poursuivit et acheva les travaux. Il eut d'ailleurs l'honneur d'accueillir le jeune Louis XIV à son retour de Flandres en 1678.

Les Seiglière, qui possédaient Tilloloy au 18ème siècle, firent restaurer le château en 1753-1754 sous la direction de l'architecte Boullée. La famille d'Hinnisdäl qui leur succéda ensuite fit apporter quelques modifications dans la seconde moitié du 19ème siècle puis dans les années 1880 avec l'architecte Edmond Duthoit qui restaura notamment le programme sculpté (il créa pour le portail latéral des communs, un beau fronton dont les figures furent, dit-on, inspirées par des enfants du village).

La première guerre mondiale ravagea totalement le Santerre et n'épargna pas Tilloloy. Plusieurs fois endommagé et atteint, il ne subsistait du château, au sortir du conflit, que le pavillon de droite, éventré et quelques pans de murs.

ce qui restait du château après 14/18...

C'est Thérèse d'Hinnisdäl (1878-1959), la troisième fille du dernier comte d'Hinnisdäl qui mena une attentive et admirable restauration/reconstruction du château à l'identique de 1929 à 1932, par l'architecte Montant. L'intérieur du château bénéficia également d'une attention particulière et fut restitué dans l'état qu'il offrait au lendemain des restaurations par Boullée. La comtesse fit aussi relever les communs et l'église voisine.

La sobre grille d'entrée du domaine est précédée par une large et longue avenue encadrée de bosquets (aménagée au 19ème siècle). L'avant-cour d'honneur est bordée, à droite, par les anciennes écuries qui présentent un long bâtiment bas d'une cinquantaine de mètres couvert à la mansart. La façade est rythmée par un large avant-corps central surmonté d'un imposant fronton et encadrée par deux pavillons à deux niveaux d'élévation.

les façades des anciennes écuries



A l'arrière s'étendent les communs, qui consistent en un ensemble de bâtiments à l'architecture et au style divers ; l'entrée se fait par un joli portail dont le fronton a été réalisé par Duthoit vers 1880.

portail d'entrée des communs

Face aux écuries, l'on peut admirer le portail de l'ancien hôtel parisien d'Hinnisdäl qui a été remonté ici au début du 20ème siècle, et un peu plus loin sur la droite se dresse l'élégante église renaissance restaurée par Moreau dans les années 1930.

portail de l'ancien hôtel d'Hinnisdäl

Après l'église, un pont franchit les douves sèches entourant le château. Ce dernier est une imposante construction en briques à chaînages de pierre. Il s'organise autour d'un très large et haut (3 niveaux d'élévation) corps central couvert à la mansart, prolongé à l'est et à l'ouest par des ailes à deux niveaux, flanquées de pavillons en retour sur la cour (sur le parc, la façade est presque rectiligne).

façade sur la cour du château et le blason de la famille de Belleforière du fronton


De l'intérieur restitué dans son état du 18ème siècle, on retiendra le grand escalier d'honneur dans le vestibule avec sa belle rampe en fer forgé, l'immense tableau généalogique des Soyécourt et de leurs descendants.

Dans le salon à droite il y a de belles grisailles du 18ès qui proviennent de l'ancien château de Champien et enfin dans le grand salon du pavillon Est ont été reconstituées les boiseries en stuc à l'identique.

Enfin précisons qu'à l'étage, dans le couloir, le nom de Louis XIV est inscrit sur le linteau d'une porte donnant accès à la chambre où il a dormi.

* Sources :

- Philippe Seydoux, "Gentilhommières en Picardie, Amiénois et Santerre", 2002, éditions de la Morande.

- Aurélien Marty, "Tilloloy, son église, son château", 2002, SERHAM.


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