Durement éprouvé par la première guerre mondiale, le petit village de Grivesnes conserve néanmoins son château et surtout son église à la silhouette originale.
L'église actuelle était à l'origine une chapelle seigneuriale. Elle fut construite en bordure du parc du château voisin de 1835 à 1842, à la demande et sur des plans du vicomte Antoine-Louis-Gabriel de la Myre (1773-1851) qui avait épousé Angélique de Goussencourt, l'héritière de Grivesnes.
Château et chapelle passèrent en 1856 au vicomte Raoul-Ludovic de Beaurepaire de Louvagny qui cédera la chapelle à la commune en 1862. Une dizaine d'années plus tard fut entreprise, à la demande de la commune, la construction du clocher à l'entrée de la nef (arch. Paul Delforterie).
Théâtre d'une bataille acharnée en 1918, le village fut presque entièrement détruit et le château du 17ème siècle se trouva amputé aux deux tiers à la suite du conflit tandis que la coupole de l'église et la nef étaient endommagées. C'est l'architecte Emile Thomas qui en mena la restauration et qui reprit la coupole, initialement en pierre, en béton.
L'édifice a été construit selon un plan inhabituel : transept et choeur sont inscrits dans un vaste carré surmonté d'un dôme en demi-sphère -inspiré des architectures grecques et byzantines, reflet du goût orientaliste en vogue à l'époque de la construction- qu'une large nef, terminée par un clocher prolonge.
L'intérieur a reçu un intéressant mobilier dû aux frères Duthoit, mobilier inspiré de celui de la cathédrale d'Amiens et de l'église Saint-Leu où ils travaillèrent : gloire monumentale sur le mur du choeur, maître-autel et autels latéraux. L'orgue d'origine, sur la tribune de la nef, fut détruit en 14/18 et remplacé dans les années 1920-1930 par l'instrument actuel, construit par Cavaillé-Coll et provenant de la Sorbonne.
L'intérieur de l'église, en regardant vers le choeur (en haut) et vers la nef (en bas)
Le maître-autel, avec sa gloire monumentale et la coupole
Dans le dôme, sur la gauche on peut voir la chapelle funéraire du vicomte de la Myre et de ses descendants qui se font toujours inhumer ici
Le château voisin, commencé par les Goussencourt au 17ème siècle avait été prolongé d'une longue aile au 18ème siècle, terminée par une aile en retour sur la cour. Endommagé lors de la première guerre mondiale, il subsiste aujourd'hui le corps de logis principal (dont les maçonneries avaient été très (trop) restaurées dans les années 1840 puis après la guerre), contre lequel s'appuie un pavillon privé de ses parties hautes ainsi que le soubassement de l'aile du 18ème siècle.
le château
Enfin, avant de quitter Grivesnes, on pourra s'attarder dans le petit cimetière à l'écart du village près de la route menant à Montdidier. S'y dresse une jolie chapelle Art-Déco, reconstruite en 1928 par Louis Duthoit ; à l'origine, c'est là que s'élevait l'église du village.
La chapelle Saint-Aignan du cimetière avec sur la façade une Crucifixion, le Christ entouré de Marie et de Jean et à l'intérieur un très joli autel avec son retable en mosaïque.
