La puissante famille de Mailly a laissé dans le village de Mailly-Maillet, d'intéressants monuments. Si le château médiéval, en partie reconstruit au 18ème siècle a disparu, il subsiste aujourd'hui encore l'église du village, reconstruite grâce à Isabeau d'Ailly au 16ème siècle et l'émouvante chapelle Madame, au bout d'une belle avenue d'arbres.
la façade de l'église et le portail
C'est à Isabeau d'Ailly, épouse de Jean III, baron de Mailly que l'on doit la construction de l'église Saint-Pierre actuelle, après la mort de son mari, entre 1509 et 1516. L'édifice fut plusieurs fois restauré au cours du 17ème siècle et au 19ème siècle par Théophile Caudron (de façon pas toujours très heureuse). L'église fut endommagée en 14/18 : si la façade fut protégée et la nef relativement épargnée, en revanche, le clocher s'effondra sur le transept. Il fut reconstruit (et surélevé) ainsi que le choeur entre 1920 et 1930 ; la porte d'accès au transept et son petit fronton sont ainsi traités dans le style art-déco.
Si l'intérieur de l'église renferme quelques belles pièces de mobilier du 18ème siècle (chaire, boiseries, grilles, autels...), c'est surtout la façade occidentale qui retient l'attention : le portail présente un beau Christ de pitié accompagné à gauche de 5 figures de saints (Pierre, Antoine, Adrien, Jean l'évangéliste et Jean-Baptiste) et à droite de 5 figures de saintes (Anne, Marguerite, Catherine, Jeanne et Barbe). Au-dessus du portail, un grand tableau sculpté est divisé en deux scènes par la pointe de l'accolade qui surmonte la porte : à gauche sont figurés Adam et Eve chassés du paradis et à droite Adam et Eve au travail.
les scènes représentant Adam et Eve, au-dessus du portail
Enfin, à gauche du portail, l'on remarque un groupe sculpté dit "oratoire d'Isabeau d'Ailly" où Isabeau d'Ailly s'est fait représenter, agenouillée, les mains jointes. Elle est accompagnée de sainte Elisabeth de Hongrie, richement parée. Toutes deux se trouvent sous une tente dont deux anges relèvent les courtines. Juste au-dessus de la frange qui porte la devise "Tout pour le mieux" sont sculptées les armes des Mailly et de la maison d'Ailly.
l'oratoire d'Isabeau d'Ailly
un petit détour par l'intérieur, depuis la tribune et le maître-autel du 18ème siècle
Face à l'église se dressait le vieux château des Mailly ; passé par alliance dans la famille de France à la fin du 18ème siècle, le comte de France d'Hésecques en entreprit la reconstruction sur des plans très ambitieux. Ruiné, le comte vit ses biens saisis et l'importante demeure, inachevée, il fut détruit en 1840. La place du village actuelle est l'ancienne avant-cour du château dont rien ne subsiste aujourd'hui (à noter que sur la droite toutefois se dresse une partie des dépendances et d'un massif pigeonnier).
Une belle avenue d'arbres s'étend sur la gauche ; elle mène à une agréable chapelle.
l'avenue menant à la chapelle
la chapelle au sortir de la guerre (les grilles sont encore en place) et en 2016
Cette chapelle fut élevée de 1754 à 1757 à la demande de Louis-Victor, marquis de Mailly, en mémoire de son épouse, Antoinette Cadot de Sébeville, décédée à l'âge de 26 ans (on en attribue la construction aux architectes Franque et Christophle). Elle fut endommagée en 14/18 et perdit alors son lanternon et son campanile, ainsi que les belles grilles qui protégeaient la porte (peut-être réalisées par Jean Veyren). Longtemps protégée par un hideux, mais nécessaire, "toit-parapluie", elle a été remarquablement restaurée dans les années 2000.
au-dessus de la porte d'entrée, les armes des France et des Mailly
L'intérieur, en pierre et en marbre, forme un ovale de 12,40 mètres sur 10,30 mètres ; des pilastres ioniques jumelés supportent un entablement sur lequel repose une voûte en coupole, percée d'un oculus.
l'autel en marbre de la chapelle et la coupole
Sur le côté droit, dans une niche, le sculpteur Dupuis (qui a beaucoup travaillé à la cathédrale d'Amiens) a réalisé le monument funéraire d'Antoinette Cadot ; elle est représentée agenouillée sur un prie-dieu avec à ses pieds, deux putti en larmes qui rappellent l'ange pleureur de la cathédrale d'Amiens. A l'arrière, au sommet de l'obélisque, se trouve un ange, une trompette à la main.
le monument funéraire d'Antoinette de Sébeville
Face au mausolée se trouve une autre niche, vide, qui attendait peut-être de recevoir la sculpture funéraire du marquis éploré...
Enfin juste derrière l'autel, un escalier permet de descendre dans la crypte où sont encore conservés une quinzaine de cercueils en plomb de la famille de Mailly.